Tu devrais venir voir nos couchers de soleil à Forestville m’avait dit ma tante Estelle, ils sont aussi beaux que tous ceux que tu as vu à travers tes voyages ! C’est vrai, elle a absolument raison de se vanter Estelle. À Forestville les couchés de soleil sont magnifiques, pour ne pas dire grandioses. Pourquoi ne pas y être allée avant ? C’est juste que dans ma tête de Montréalaise, Forestville, ça sonnait un peu loin, même très loin… Il faut dire que ce n’est pas la porte à côté, mais n’est-ce pas ça le secret des paradis bien gardés ?
Cette fois-ci plus d’excuse pour brûler des kilomètres. Nous avons une voiture flambant neuve à notre portée et deux compères en manque d’espace vert pour nous accompagner, alors on y va !
Ni une ni deux on a pris nos sacs, le RAV4, quelques bébelles et nous sommes partie à la découverte de ce coin au nord du Québec.
Forestville est à environ une heure de Tadoussac et de Rimouski. Lors de notre virée, nous avons opté pour la traverse à Baie St-Catherine. C’est probablement cette dernière que vous allez faire, si vous cherchez à voir des baleines. Ce n’est plus un secret pour personne, ces grosses bêtes ont tendance à se promener au large de Tadoussac, là où justement le traversier vous débarque. Pour nous, pas l’ombre d’une baleine. Il faut dire que la température ne s’y prêtait pas, mais nous avons quand même eu droit à une ravissante vue sur le fjord du Saguenay.
Je vous préviens, à Forestville, pas de grand centre commercial, pas d’affiches tape-à-l’œil, ni de bars branchés et c’est tant mieux ! Ici, la nature est reine (et par le fait même, les bestioles aussi). Mouches à chevreuil, maringouins, brûlots « nommez-les » il y en a pour tous les goûts, pour tous les types de peau et pour toutes les saisons… Oui chaque coin de paradis à ses points faibles ! Entre vous et moi, je préfère les petites bébittes du Québec à bien d’autres choses. Ici, pas de Zika, ni de malaria. Vous risquez peut-être de revenir avec deux litres de sang en moins… Ainsi, s’il y a une chose à ne pas oublier, et ce avant même de penser à apporter votre brosse à dents, c’est l’anti-moustique. Votre seule arme de combat, efficace et indispensable pour un séjour parfait à Forestville.
C’est en revenant dans les grandes villes comme Montréal que je réalise la chance qu’on les gens de la côte Nord. Ils n'ont peut-être pas de mine d'or, ni de cocotier, mais ils ont le calme et une forme de tranquillité d’esprit que peu de gens peuvent se vanter de posséder.
Pas besoin d’aller bien loin, Forestville n’est pas si loin !
Le saviez-vous ? Forestville se trouve à moins d'une heure d’une réserve mondiale de la Biosphère de l’UNESCO.
Vous pouvez aussi voir à Forestville, l'arboriduc, cette structure de bois réalisée en 1942 a transporté des pitounes (billots de bois) sur plus d'un kilomètre, jusqu'au début des années 80. Il est aujourd'hui classé immeuble patrimonial. Pour la petite histoire, l'arboriduc était à l'époque rempli d'eau, on y projetait des billots par de puissants jets d'eau. Les billots glissaient jusqu'au quai situé à plus d'un kilomètre. Tout était transporté jusqu'à la papetière de Québec. Cet arboriduc constitue un des seuls exemples de ce type de structure sur le territoire québécois (raison de plus d'y passer).
Et oui ma tante à bien raison, les couchers de soleil de Forestville sont magnifiques !
Charlevoix
Il suffit de passer un 24 juin* à Charlevoix pour comprendre à quel point les Charlevoisiens aiment leur petit coin de pays. Guirlandes bleues et blanches à la main, fleur de lyse tatouée sur la joue, la région affichait pour la parade de la St-Jean Baptiste, ses plus beaux atours.
Il faut dire que j’ai un parti pris pour cette région! Terre natale de mon paternel, je n’ai d’yeux que pour elle. Il ne suffit que de se promener sur les nombreux points de vue autour du fleuve pour voir les artistes la peindre et les curieux l’admirer.
Dans ses rues ont entend des accents d’un peu partout, particulièrement de la France. Oui, sa beauté fait le plaisir de nos cousins et même que sa cuisine en fait saliver plus qu’un. Plusieurs fromageries valent le détour. La plus connue est certainement St-Fidèle qui offre aux mordues des tonnes de fromages en grains qui fait squick squick ! Oui le fameux fromage à poutine. Certains restaurants comme l’Épinal (situé juste en fasse de l’église) se permettent même de revisiter la fameuse recette, façon gastronomique.
Pour les amoureux de la nature, Le parc national des Hautes-Gorges de la rivière Malbaie est THE place à visiter. Les plus aventureux feront l’ascension de l’Acropole des draveurs (4 heures à 6 heures de marches avec 3 heures de montée intense). Les moins téméraires profiteront de la balade en bateau-mouche. Un bon moyen de pouvoir observer le paysage sans trop se fatiguer (oui je l'avoue c'est ce que nous avons fait et nous n'avons aucun regret !)
Du haut de ses longs plateaux, sculptés par l’air glacière, on voit s’animer une faune et une flore particulière. Avec ce que l'on voit Ici, les Rocheuses de l’Ouest canadien peuvent aller se rhabiller. L’air est pur, le coin est calme, sans être encore envahie par des hordes de touristes (nous y étions un jour de semaine). Je comprends parfaitement pourquoi mon père aimait tellement ce bout de terre, ici c’est un peu le paradis !
Pour les fervents de la peinture, les rues de baie St-Paul regorgent d’artistes et de galeries d’art. Pour les amoureux d’Antiquités et de brocante, si vous n'avez pas trouvez votre bonheur dans l'une des nombreuses "vente de garage", allez faire un tour chez Robert au 4 rue Notre-Dame. Un sympathique personnage. Son magasin est un vrai petit musée et Robert adore discuter. Ici, c’est la caverne d’Ali Baba (suivez les affiches, vous ne vous perdrez pas).
Tant qu’à être dans le coin, faites un saut à La chocolaterie du village pour la crème glacée molle recouverte de chocolat ! Les images parlent d’elles- mêmes, vous comprendrez pourquoi ont a du rouler mon frère jusqu’à la voiture après son énorme banane royale !
*Le 24 juin est la fête nationale du Québec. On la célèbre dans presque tous les villages de la belle province.
Le Québec s’est finalement résigné à se dévêtit de son manteau de soie blanche pour enfiler un peu de verdure. Ce nouveau contraste visuel m’aide enfin à respirer, moi qui n’y croyais plus. Pourquoi ne pas profiter de ces récents instants de chaleur pour voir un peu de pays ? Et pourquoi pas Rimouski ?
Après vingt (si ce n’est pas trente) Tim Horton plus loin, deux cafés et un beigne à l’érable dans le gésier, nous y voici. Pour les lecteurs du pays de la baguette et des croissants, un Montréal-Rimouski, c’est à peu près l’équivalent de Paris-Toulouse en auto, disons que c’est un peu long... Et disons qu’une tasse de café en route est toujours la bienvenue. Les Tim Horton peuplent les sorties d’autoroutes au Québec, au même titre que les Starbucks accaparent les rues de New York. Tout cela, au plus grand plaisir de ma dépendance à leur potion couleur goudron.
Rimouski, quoi visiter? Naturellement dire bonjour à la famille, mais aussi en profiter pour se balader le long du fleuve et ainsi y découvrir ses imbattables couchers de soleil qui rivaliseront avec tous ceux du monde. Ibiza et Lisbonne, allez vous rhabiller, car quand le ciel de Rimouski décide de se chamarrer, c’est vos yeux qui en prennent pour leur argent.
Tel un tableau digne de la main d’un artiste son panorama se déploie tous le long de sa palissade. Contrairement aux grandes galeries, ici pas de queue, pas de billet et surtout c’est gratuit ! Lors mon tour du monde, je n’ai jamais vu un coucher de soleil aussi joli et rosé que celui de Rimouski.
Saluez les goélands, regarder le soleil s’incliner sur le dos des canards. On croirait des filets de diamants qui tombent du ciel.
Manger du homard ? Oh que oui ! La région du Bas du Fleuve, c’est l’endroit de prédilection pour dénicher les crustacés. Des heures de plaisir à dompter la carcasse de la bête (déjà morte, je vous rassure), mais l'effort en vaut le coup ! Vous trouverez des dizaines de poissonneries sur votre route, mais si vous en avez la chance, passez dire bonjour à la propriétaire de chez Odile. Sourire et gentillesse garantie !
Si vous passez, par Rivière-du-Loup arrêtez-vous à la fromagerie des basques, le meilleur fromage qui fait kwick, kwick au monde ! Ils possèdent des tonnes de cet ingrédient santé que l’on met dans nos fameuses poutines. Nous en avons rapporté pour nous en faire à la maison (avec des frittes de patates douces).
Oui, si le secret d’une bonne poutine, c’est le fromage, le secret des Rimouskois, c’est le sourire et la gentillesse.
Montréal, Montréal on avait bien hâte de te revoir ! Tu n’as pas pris une ride depuis notre départ en juin dernier. Tu es toujours aussi décousue et attachante. Derrière tes petites ruelles et tes murs de briques rouges, j’ai sorti mon appareil pour photographier toute la discordance de tes rues du plateau. Si la majorité des touristes qui te dévale s’en tiennent au Vieux-Montréal et aux magasins du Centre Eaton, moi j’ai surtout repéré tes nombreux graffitis qui s’étalent aux 4 coins de la métropole.
En fait Montréal, je n’avais jamais remarqué, tu es un petit musée à ciel ouvert où en profitent joyeusement les griots aux bombes de couleurs. On a juste à lever les yeux vers le ciel pour voir ces fresques colorées qui habillent tes façades. Oh ici pas de Mondrian, Picasso ou Renoir, plutôt des artistes inconnues aux yeux de la majorité qui pourtant à mes yeux de néophyte, font du sacré bon travail !
J’ai du coup réalisé qu’il m'est arrivé souvent de traverser tes rues sans voir les petites merveilles qui te tablait. Probablement que j’étais ailleurs, dans mon travail, dans le souper que j’allais faire, dans quelques souvenirs de voyage. Maintenant touriste dans ma propre ville, les éléments de Montréal me sautent à la figure, comme Wesley sur une palette de chocolat noir (ce qui veut dire, rapide et brutal).
Je me suis demandé un instant si j’étais bien à Montréal et non pas au Portugal ou au Brésil où le graffiti est depuis longtemps devenu un art reconnu dans la rue. En fait, juste à regarder les cyclistes s’entêter à pédaler entre tes bancs de neige, je réalise finalement qu’on est au Québec. Y’a qu’ici qu’on peut voir ce phénomène extraterrestre !
ET TU MANGES ENCORE ?
Par cette balade en terre connue, l’idée était d’aller faire un tour prendre un snack chez Juliette & chocolat. On a descendu la rue St-Laurent, La fameuse "Maine" comme on dit par chez nous. Pas grand monde en milieu de semaine. Naturellement pas de filles à moitié bourrées la jupe aux fesses qui sortent des boîtes de nuit. Trop tôt, trop frette ! Mais jamais trop tôt pour y manger une crêpe au sarrasin. Un arrêt qui se veut aussi un prétexte pour réchauffer mes doigts qui je dois l’avouer, n’en pouvaient plus de photographier au froid (disons que ça change d’Hawaï) !
Qui va à Paris va voir la tour Eiffel, qui va à Rome visite le Colisée, nous quand on va à Montréal on dilapide définitivement un burger et habituellement on effectue cette mission chez Five Guys. Car disons le, Five Guys, c’est THE (ZE pour les Français qui me lisent) burger dans toute sa splendeur américaine ! Ils ne sont pas glorieux dans l’esthétisme (photo à l’appui), mais il faut l’avouer, ils sont divins dans la bouche. Il y a de quoi rendre un végétarien accro !
L’hiver soufflait sa froideur et sa cruauté le jour où on a décidé de se rendre au Marché Jean-Talon. La neige folle dansait devant nos yeux. Impossible de rester, ne ce serait-ce que 2 minutes, debout et immobile, tellement le froid nous lapidait les jambes. Par chance le marché a mis sont manteau d'hiver et les kiosques sont couverts et bien au chaud.
Entre les rayons on y entend les marchants crier « qui veut des pétacles », « des bonnes pommes du pays »… Ici ça sent la verdure et les voyages à plein nez. Pas besoin de partir ! Visiter le marché Jean-Talon, c’est se balader en Italie, en Afrique en passant par Charlevoix et la Gaspésie. Il y a même un petit coin du Maghreb avec un pâtissier arabe qui vent des cornes de gazelle et des baklavas...
Fin décembre, notre avion s'est finalement posé sur la piste de l'aéroport Jean Lesage. Déjà six mois se sont écoulés. Pour nous, c’est comme si c’était hier. Le temps a défilé aussi rapidement que les trains japonais, à la vitesse grand V. C’est maintenant le temps de faire une petite pause pour revoir les siens et faire le plein de paysages d’hiver.
Arrivée à Québec, on a quand même dû patienter quelques jours avant de voir les premières bordées de neige. Un peu comme si dame nature avait eu pitié de nous et nous avait laissé quelques heures de répit. Puis, sournoisement dans la nuit du 27 décembre, elle s’est emparée de son long territoire. Déposant sur les arbres et les toitures, de lourdes peaux de lièvre qui ont ravivé au petit matin, les yeux émerveillés des enfants.
Devant nous, Québec a enfilé un épais manteau parsemé de petits diamants blancs. Les banquises ont pris des formes rondouillardes, gracieuses et dodues. Une étonnante exhibition qui a surpris autant que nous, les nombreux touristes dans la vieille capitale.
Québec, est sans aucun doute, la ville qu’il faut voir en hiver. Les touristes de passage l’ont bien compris. L'escaliers (Casse-Cou) qui mène au quartier du petit Champlain craquent joyeusement sous les pieds de ces milliers de voyageurs. D’ailleurs, il faut souvent jouer du coude pour réussir à trouver un petit resto pour se réchauffer, tellement les rues sont bondées. Niché entre deux commerces et d’un imposant mur de pierres, nous avons trouvé l'un des fameux restaurant de queues de castor. Un arrêt obligatoire pour tout Québécois qui se respecte. D’ailleurs, Wesley ne s’est pas fait prier pour prendre une ragoûtante queue au chocolat Reese, laissant celles à saveur d’érable aux vrais touristes !
Existe-t-il un coin plus magique pour passer les fêtes que la ville natale du Bonhomme Carnaval ?