VENISE
Je n’aime pas les villes où il y a trop de gens, où les rues sont minuscules et où je dois sans cesse regarder mon chemin sur une carte pour ne pas me perdre. Je n’aime pas les villes où les commerçants ont du mal à sourire, car ils voient trop de monde dans une journée et où la vie coûte douloureusement cher. Pourtant j’adore Venise et si mon compte de banque me le permettait, j’y reviendrais sans hésiter à chaque année.
Il faut dire que je me suis prise d’affection pour cette ville qui craque sous la pression. Au cœur de sont centre historique ont y croise des centaines (pour ne pas dire des milliers) de touristes qui se bousculent comme des goélands pour un bout de pain. Des visiteurs souvent de quelques heures qui viennent vivre leur lune de miel, qui piétine la place St-Marc comme des guignols. Ils repartent avec un masque, un bijou de Murano et naturellement des centaines de photos devant l’un de ses 435 ponts. Oui, c’est indéniable quand ont vient à Venise on veut tous tout faire partie de la carte postale !
Peu importe la période, Venise ne dérougit pratiquement jamais, on dit qu’elle reçoit plus de 22 millions de visiteurs par année. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter et qui ne lâchera pas par l’arrivée incessante des nombreux bateaux de croisière. Les habitants en souffrent et sont de plus en plus nombreux à contester ces invasions quotidiennes.
Si j’adore Venise à ce point, c’est qu’il existe dans cette ville un charme et une beauté incomparable et ce, peut importe le temps qu’il y fasse. Venise est belle sous la brume, au soleil, la nuit et même sous la pluie! C’est une ville entièrement piétonne où il faut aimer se perdre, monter et marcher. Même les éboueurs doivent faire la corvée du ramassage à pied (aidé des nombreux goélands qui n’attendent qu’une chose, trouver un sac d’ordures éventré).
C’est une ville où les cloches sonnent au coin de chaque rue. Avec ses palais et ses façades anciennes, Venise plonge rapidement ses visiteurs à l’époque du moyen âge, mariant du même coup la terre, la mer et l’histoire. Peu de villes peuvent se vanter d’en offrir autant.
Quand ont prend le temps d’y rester plus d’un week-end, Venise se découvre sous un autre jour. On peut alors se permettre de se perdre et de ne pas suivre les parcours fléchés qui guident les pressés entre la place St-Marc, le pont du Rialto et la Piazzale Roma. D’ailleurs ces parcours fléché ne sont pas nécessairement les plus rapide et semblent prioriser certains vendeurs. À Venise on apprend rapidement que, business is business !
Perdez-vous ! Louez un appartement ! Faites votre marché avec les habitants !
Perdez-vous et quand vous en aurez assez, réintégré la foule (elle n’est jamais très loin). Louer un appartement (airbnb.com) est probablement l’une des meilleures façons de connaître la vraie Venise. Faites votre marché avec les habitants, achetez-vous des pâtes fraîches (Bigoi est la bonne adresse). Mangez-les à la maison avec une bonne bouteille de valpolicella (vin de Vénétie). Levez-vous tôt le matin avant que les touristes envahissent les rues et payez-vous un couché de soleil en navigant la ligne 1 ou 2 en vaporetto, c’est voir Venise avec d’autres yeux et à bon marché !
Venise peut devenir extrêmement cher si on décide de manger en tout temps dans les restaurants (en Italie on doit payer en plus du prix de son repas, le couvert (coperto), ce qui augmente votre facture de 5$ à 8$ à chaque fois). Avec ses rues tortueuses et ses nombreux ponts, il faut s’attendre à beaucoup marcher et surtout, beaucoup monter. De petits vaporettos, comme des autobus, assurent la liaison entre différents points sur l’île, toutefois il faut prévoir 7 euros (11$) pour chacun des trajets. Un luxe qui peut rapidement faire exploser le budget. Les hôtels sont aussi très chers, prévoir entre 120 et 200$ la nuit et une taxe de séjour de 1.5 euro par personne la nuit.
*Billets d’avion aller-retour avec Easyjet Paris-Venise : 120 euros (180$)
*Navette entre l’aéroport (Marco-Polo) et le centre de Venise 8 euros l'allée (12$) que vous pouvez acheter directement à l'aéroport
*Logement Airbnb 7 nuits pour 5 personnes (1500$ pour 5)
*Passe-musées valide 6 mois et pour 11 musées dont celui du verre à Murano et de la dentelle à Burano 24 euros (35$)
*24 heures de vaporetto (surtout pour voir Venise de nuit sur la ligne 1 et pour faire les îles de Murano et Burano) 20 euros (30$)
*Sur la Piazza Roma, vous avez un grand super marché Coop où l’on retrouve toutes les commodités.
Lors d’un voyage en 2007, j’avais rencontré un Allemand dans une auberge de jeunesse qui arrivait tout juste de Milan. Il m’avait tout de suite déconseillé d’aller dans cette grosse ville, qui pour lui, n’avait rien à offrir qu’une grosse église et des boutiques de luxes. Sur le coup, j’avais laissé tomber l’idée. À cause de cette discussion bidonne, je gardais toujours en tête des images préfabriquées et basées sur des rendus négatifs de cette rencontre.
En 2015, l’idée de visiter Milan est revenue sur le tapis. Hôte de l’exposition universelle, la ville a énormément fait les manchettes sur les forums de voyageurs. J’ai donc décidé qu’il était temps d’aller m’y faire ma propre opinion. En moins de temps qu’il ne faut, j’ai persuadé Wesley de m’accompagner. Bagage au dos, nous étions à nouveau partis dans une excusions (disons une course) de 48 heures (Pékin-Expresse-Milano, nous voici!)
Pas de perte de temps ! À peine avions-nous rencontré l’hôte de notre Airbnb que nous étions dans le métro en route vers le quartier Sant’Ambrogio où se situe le Museo nazionale della scienze e della technologica Leonardo Da Vinci. J’aurais du me douter. Avec un nom aussi long, il est impossible d’y faire une visite rapide. Naïvement, je m’étais dit : « bof, dans une heure ce sera certainement terminé ! » Eh non championne ! C’est que le musée est aussi grand que la soif de Wesley pour les nouvelles technologies, ce qui veut dire Infini…
Ce musée génial, il faut le dire, n’a pas de fin ! C’est pratiquement aussi grand que le Louvre. Après 3 heures et demie, je n’en pouvais plus et il nous restait encore à visiter la moitié du musée. La nuit après notre visite, j’ai rêvé à des avions de chasse, aux changements climatiques, aux inventions de Léonard et à des navettes spatiales… Vous en avez pour votre argent. Tellement que ça tombe un peu sur le cœur.
Ça, c’est la fameuse grosse église décrite par ma rencontre allemande. Il n’avait pas tort, c’est gros! C’est aussi très surveillé et contrôlé, ce qui explique l’immense queue devant. Un pèlerinage de plusieurs minutes, heures qui vous laissera entrer au temple de la troisième plus grande église d’Europe.
On a décidé de confesser nos péchés une autre fois et d’aller se rincer l’œil dans la Galleria Vittorio Emanuele II. Une galerie de fer et de verre où se côtoient des boutiques et des restaurants de luxe (pas vraiment bon, pour nos budgets). On a vite pris nos jambes à notre cou et nous sommes montés au McDonald (à quelques mètres) pour nous empiffrer d’un burger en regardant le spectacle (on vous rassure, on ne fait pas ça souvent), mais rare sont les fois où tu peux manger en Italie pour moins de 5 euros devant une boutique Prada.
Je sais on en parle tous le temps, la bouffe ! Quand on voyage, on devient épicurien puissance 10 et quand on voyage depuis 8 mois on devient épicurien + 10 livres (ça fait partie des effets secondaires d’un tour du monde). Côté nourriture, disons qu’il y a des spécialités qu’on ne peut pas ignorer en allant en Italie, comme les fameux gelatis de chez The Gazzelle (où la saveur à la pistache est mortelle !)
C'est le temps de faire un pied de nez à mes amis français qui me disent qu’un café avec du lait, ce n’est pas digeste. Mes amis italiens l’on comprit. Ici, l’art du cappuccino (café au lait) est imbattable…
Je me demande comment vont réagir les Italiens avec l’arrivée de la chaîne Starbucks en 2017…Milan devrait être leur premier port d’attache. Gageons que les puristes vont laisser le café américain aux touristes… Un dossier à suivre !
Une heure avant de prendre notre avion, il y avait Wesley et moi qui attendions comme deux gamins devant la porte du Samsung District (on s’est mêmes faits amis avec l’agent de sécurité). Disons que c’est amusant comme visite. Ça détrône la fameuse tour Sony que nous avions visitée à Tokyo. C’est un endroit encore inconnu des touristes (nous sommes tombés devant par hasard), on avait donc toute la salle d’exposition juste pour nous…
L’une des activités préférées des voyageurs à Milan est de visiter le cimetière Monumental émergeant de sa brume matinale (possiblement un vieux fantasme de film d’horreur). Pas besoin d’effets spéciaux, c’est digne d’un plateau d’Hollywood…
Parmi certaines pierres tombales, vous avez carrément des maisons, des tours et, semblerait-il, aussi une pyramide (celle-ci, on ne l’a pas trouvé). Ça glace un peu les veines… Les statues et les arbres qui composent ce grand jardin donnent le sentiment d’un musée à ciel ouvert. Il semblerait que les tombes sont classées en fonction du mérite et de la date de la mort.
Un quartier à en faire saliver n’importe quels architectes. C’est carrément une invasion de fer et de verre moderne dans un Milan qui avait certainement besoin d’un petit peu de fantaisie. Nous on a adoré ! La rumeur dit que ce quartier aurait été créé pour l’exposition universelle, mais n’aurait pas été terminé à temps. Normal, l’ambitieux projet fait plus de 340,000 m2, divisés sur trois grands chantiers.
Milan c’est LA ville de la mode (je ne sais pas si à cette heure, elle a détrôné Paris à ce niveau), mais il est agréable de fouiner les devantures des belles boutiques, question de rêvasser pendant de brefs instants et de bien retomber sur ces pieds le soir…
On vous attend pour la suite, avec Rotterdam... Les Pays Bas, une toute autre ambiance !
Petit vol d’EasyJet d’une heure trente et quelques euros plus tard, nous voici à Bologne. Le paradis de la bonne chair, où les façades de briques rouges se confondent avec ses milliers de pigeons voyageurs ! Bologne c’est comme un gros sac à surprises. Elle cache dans ses petites rues des décors d’un autre siècle, l’une des plus vieilles universités d’Europe et surtout des restaurants de pâtes toutes aussi bons les uns que les autres.
À peine descendue de l’avion, sans même avoir déposé nos bagages à l’hôtel que je supplie Wesley de m’emmener au resto chez Naldi. « C’est un peu loin du centre, fait-il en plissant les yeux » pas graves ! N’écoutant que mon estomac et les critiques de TripAdvisor (auxquels je suis une grande fidèle), nous voilà déjà GPS à la main à arpenter les petites rues de la ville à la recherche de cette petite mine de bonheur.
Nichée dans un racoin bolognais, entre un bureau de tabac et des dizaines de graffitis, nous apercevons le présentoir du minuscule restaurant. À l’intérieur un parfum de sauce tomate, une table à bistro et une banquette, rien de plus. Quelques habitués attrapent des assiettes à emporter dans de vulgaires contenants de plastique enrobés de papier brun. Il est 14h15 et le restaurant ne tardera pas à fermer. Indécis nous piochons un peu au hasard, ce qui nous tente sur le menu. Et puis, et puis…. C’est l’apothéose sur nos papilles en plus d’une explosion de saveur insoupçonnée quand nous goûtons à la fameuse panna cotta maison. Car oui, si les critiques de TripAdvisor m’avaient dit que les pâtes de Naldi étaient dans les meilleures de la ville, ils s’étaient bien réservé de me parler de ce fameux dessert crémeux à en faire saliver n’importe qui.
Ces pâtes et ce dessert, nous en mangerons tout le long de notre séjour et même si c’est loin aucune excuse, à Bologne ce n’est plus notre cerveau qui dirige, mais nos estomacs !
Si moi j’aime les pâtes, Wesley lui a littéralement fondu sur les chocolats chauds de la chaine Venchi… Je me demande encore ce qu’il peut bien leur trouver… Au début je croyais que c’était la jolie Italienne au comptoir du centre-ville, mais même à l’aéroport il n’a pas pu s’en empêcher d’en prendre un 10 minutes avant de décoller…
Étrange hasard, l’auteur italien Umberto Eco est décédé lors de notre passage. Ayant enseigné longtemps à l’université de Bologne, j’aurais aimé voir quelque chose sur le chemin rendant hommage à ce grand homme… Niente !
N’empêche que de se promener dans les rues autour de l’Université et voir l’agitation qui en découle est très amusant. Nous sommes entrés dans le pavillon de musique. Une visite obligatoire à mes yeux, car la ville de Bologne est nommée ville UNESCO de la musique… Et ça s’entend ! À peine après avoir franchi ses murs, on perçoit une chanteuse d’opéra répéter, dans un autre pavions des trompettistes s’exercent sur des airs de jazz pendant que gambadent joyeusement dans la rue des étudiants, violons et flûtes traversières à la main. "Musica miei amici ! "
Chaque ville a sa grande place qui pique la curiosité des voyageurs et qui rassemble le peuple. À Bologne, c’est la Piazza Maggiore. Disons qu’elle n’est pas la plus belle, surtout avec ses gardes postés autour des points d’intérêts, le fusils de chasse à la main, mais elle a quand même un petit charme. Surtout que le week-end, les rues qui l’entourent sont piétonnes, on peut alors contempler une autre facette de la ville. Beaucoup plus aéré, puisque l’espace pour marcher est habituellement restreint aux passages en forme d'arcades qui cachent le soleil et dirige nos yeux sur les boutiques…
Ce qui domine l’ensemble de la grande place, c’est la basilique San Petronio. Une église qui ne fut jamais terminée. Sa façade en témoigne, avec ses marbrures de couleur stoppées au-dessus des portails...
Les amateurs de guenilles seront charmés. Tous les jours, des centaines de tables sont alignées dans les grandes rues de la ville, impossibles de les louper. Entre vous et moi, ne perdez pas trop de temps avec ces vendeurs de cochonneries... À moins que la contrefaçon et les cosmétiques périmés fassent votre bonheur...
Les mémoriaux ne sont pas nécessairement les endroits que j’aime visiter. Ce sont habituellement des lieux austères, froids et difficiles. Reflet d’un drame encore lourd de sens pour les Bolognais, le mémorial d’Ustica rappelle l’écrasement du vol 870 d’Itavia qui a eu lieu le 27 juin 1980. Quand j’ai demandé à la réceptionniste de notre hôtel si ce dernier était loin à pied, elle m’a demandé si je savais vraiment ce que j’allais voir ! J’ai répondu un peu naïvement : « pas vraiment », puis elle nous a montré quelques photos pour nous faire comprendre que ce n’était pas une visite à Walt Disney qu’on allait faire. Elle avait raison…
En gros, ce mémorial habite les restes de l’avion retrouvé en mer et reconverti dans un hangar au nord de la ville. J’y suis allée un peu à contre sens, me mettant au défi, moi qui a toujours une peur bleue des avions. Sur place, des voix en italien résonnent des haut-parleurs et parlent doucement sous le rythme de l’eau, 81 globes lumineux suspendus rendent hommage aux victimes. Par respect, les pièces de vêtements retrouvés sont cachées dans de gros cubes noirs devant la carcasse. C’est à donner froid dans le dos. Dans une autre pièce, des documentaires en italien expliquent la tragédie. Ne parlant pas la langue, ce n’est qu’à mon retour avec l’aide de mon ami Google que je retrace un peu plus les circonstances du drame.
Un avion de chasse français aurait par erreur (&?%$#!!!) lancé un missile croyant avoir affaire à l’avion de Kadhafi (ce dernier se serait caché subtilement derrière pour éviter les radars)… L’affaire aurait été étouffée. Les pièces à conviction et les résultats de l‘enquête auraient été dissimulés à la population. Le pire c’est qu’une douzaine de personnes travaillant sur le sujet seraient morts eux aussi prématurément de diverses causes (crise cardiaque, accident d’auto…) Ouf, ainsi je vais m’arrêter ici, à force de trop vouloir en apprendre, j’ai moi aussi un peu peur de disparaître…
À travers cette toute petite fenêtre on peu voir le Canal Di Reno, un rappel du temps où Bologne ressemblait plus à Venise...
(La suite avec Milan...)