Rouen se montre sous sa robe grise. Mis à part un groupe de Japonais et trois touristes italiens, nous semblons les seuls à arpenter la ville en quête de petits trésors. Difficile d’imaginer par ce temps tristounet que Rouen croule en été sous les pieds de milliers de voyageurs. Il faut dire que la période n’est pas appropriée. Qui est assez fou pour visiter la Normandie début février ? Deux Franco-Canadiens qui n’ont pas peur de grelotter. Probablement aussi Victor Hugo et Monet qui chérissaient tendrement cette ville. Il faut leur donner raison ! À travers ce brouillard, les maisons à colombages, les églises et la Cathédrale sont d’une splendeur à faire oublier la pluie incessante qui s’abat sur nous.
Les parkas en Gortex que nous avons acheté nous sont bien utiles (avec la doudoune en plume, ils sont probablement les meilleurs investissements du voyage). Toutefois, nous sommes fichés, dès que nous franchissons le portail d’un restaurant ou d’un musée, on nous répond en anglais. Étrangement, le phénomène se produit quand c’est Wesley qui parle… Aurait-il pris un accent anglophone depuis notre retour d'Hawaii ?
Ceux qui connaissent bien ma famille savent que mon frère est un fervent d’histoire. Incollable sur les dates (une vraie machine), il est un admirateur de Jeanne D’Arc, tout comme Napoléon et Gustave Eiffel d’ailleurs. Depuis qu’il est tout petit, cette légende française le fascine. C’était donc pour moi un excellent prétexte pour aller enfin saluer la ville où cette dernière a été condamnée, torturée et brûlée (bon dit comme ça, c’est un peu morbide) mais on peut présager par son histoire ici que la Sainte n’a probablement pas aussi bien profité de la ville que nous.
Dès qu’on sort de la gare, Jeanne D’Arc est bien présente. Elle a sa tour, ses lampions dans les églises et plusieurs sucreries à son effigie. Difficile d’y faire abstraction. Elle est une vraie reine à Rouen.
Comme la flotte était au rendez-vous, on a profité de nos premières heures dans la capitale administrative de la Normandie pour visiter deux des neuf musées gratuits. Oui, oui depuis janvier, la ville de Rouen offre la visite de plusieurs musées dont celui des beaux arts, la Tour de Jeanne d’Arc et le musée des sciences naturelles. Une superbe initiative pour les paumés en soif de culture comme nous !
Autre que des musées, Rouen renferme beaucoup de trésors, sa cathédrale : sa grosse horloge et naturellement ses maisons en poutre de bois colorés.
Lors de notre passage à Rouen, j’ai contacté Jean Claude que j’ai découvert grâce au site de l’office de touriste de la ville. Jean Claude est un Greeter. Les Greeters est une association à travers le monde qui met en relations des touristes et des locaux. Le but est de partager et de passer un bon moment en découvrant la ville ensemble. Grâce à Jean-Claude, nous avons visité Rouen différemment. Le but pour moi n’était pas d’avoir une visite gratuite. Ce qui m’intéressait dans l’expérience, c’était de rencontrer quelqu’un de l'endroit qui allait me faire part de son vécu et de ses impressions de la ville et non de me gaver de notes d’histoire apprises par cœur. La rencontre était dans mon cas, plus importante que l’apprentissage… Et nous avons été agréablement surpris !
J'avais informé notre hôte que j'aimais beaucoup les graffitis, la ville de Rouen en renferme quelques-uns de très originaux
On a donc suivi notre guide à travers de petites ruelles et des lieux insolites. Notre hôte est retraité alors il en avait du temps ! On en a donc profité et nous, nous sommes baladés durant plus de trois heures (hélas, toujours sous la pluie). Je vous assure, le temps a défilé comme l’éclaire (en fait pour nous, on ne sait pas pour Jean-Claude…) On peut dire quand même qu’on a eu froid, mais qu’on a passé très un bon moment ! D’ailleurs, on s’est promis de revenir cet été question d’aller tester la foule de touristes, terminer notre tournée des musées et probablement redonner rendez-vous à Jean Claude qui nous a parlé d’un sentier de randonnée où l’on peut voir la ville en hauteur !
Montréal, Montréal on avait bien hâte de te revoir ! Tu n’as pas pris une ride depuis notre départ en juin dernier. Tu es toujours aussi décousue et attachante. Derrière tes petites ruelles et tes murs de briques rouges, j’ai sorti mon appareil pour photographier toute la discordance de tes rues du plateau. Si la majorité des touristes qui te dévale s’en tiennent au Vieux-Montréal et aux magasins du Centre Eaton, moi j’ai surtout repéré tes nombreux graffitis qui s’étalent aux 4 coins de la métropole.
En fait Montréal, je n’avais jamais remarqué, tu es un petit musée à ciel ouvert où en profitent joyeusement les griots aux bombes de couleurs. On a juste à lever les yeux vers le ciel pour voir ces fresques colorées qui habillent tes façades. Oh ici pas de Mondrian, Picasso ou Renoir, plutôt des artistes inconnues aux yeux de la majorité qui pourtant à mes yeux de néophyte, font du sacré bon travail !
J’ai du coup réalisé qu’il m'est arrivé souvent de traverser tes rues sans voir les petites merveilles qui te tablait. Probablement que j’étais ailleurs, dans mon travail, dans le souper que j’allais faire, dans quelques souvenirs de voyage. Maintenant touriste dans ma propre ville, les éléments de Montréal me sautent à la figure, comme Wesley sur une palette de chocolat noir (ce qui veut dire, rapide et brutal).
Je me suis demandé un instant si j’étais bien à Montréal et non pas au Portugal ou au Brésil où le graffiti est depuis longtemps devenu un art reconnu dans la rue. En fait, juste à regarder les cyclistes s’entêter à pédaler entre tes bancs de neige, je réalise finalement qu’on est au Québec. Y’a qu’ici qu’on peut voir ce phénomène extraterrestre !
ET TU MANGES ENCORE ?
Par cette balade en terre connue, l’idée était d’aller faire un tour prendre un snack chez Juliette & chocolat. On a descendu la rue St-Laurent, La fameuse "Maine" comme on dit par chez nous. Pas grand monde en milieu de semaine. Naturellement pas de filles à moitié bourrées la jupe aux fesses qui sortent des boîtes de nuit. Trop tôt, trop frette ! Mais jamais trop tôt pour y manger une crêpe au sarrasin. Un arrêt qui se veut aussi un prétexte pour réchauffer mes doigts qui je dois l’avouer, n’en pouvaient plus de photographier au froid (disons que ça change d’Hawaï) !
Qui va à Paris va voir la tour Eiffel, qui va à Rome visite le Colisée, nous quand on va à Montréal on dilapide définitivement un burger et habituellement on effectue cette mission chez Five Guys. Car disons le, Five Guys, c’est THE (ZE pour les Français qui me lisent) burger dans toute sa splendeur américaine ! Ils ne sont pas glorieux dans l’esthétisme (photo à l’appui), mais il faut l’avouer, ils sont divins dans la bouche. Il y a de quoi rendre un végétarien accro !
L’hiver soufflait sa froideur et sa cruauté le jour où on a décidé de se rendre au Marché Jean-Talon. La neige folle dansait devant nos yeux. Impossible de rester, ne ce serait-ce que 2 minutes, debout et immobile, tellement le froid nous lapidait les jambes. Par chance le marché a mis sont manteau d'hiver et les kiosques sont couverts et bien au chaud.
Entre les rayons on y entend les marchants crier « qui veut des pétacles », « des bonnes pommes du pays »… Ici ça sent la verdure et les voyages à plein nez. Pas besoin de partir ! Visiter le marché Jean-Talon, c’est se balader en Italie, en Afrique en passant par Charlevoix et la Gaspésie. Il y a même un petit coin du Maghreb avec un pâtissier arabe qui vent des cornes de gazelle et des baklavas...