Petit vol d’EasyJet d’une heure trente et quelques euros plus tard, nous voici à Bologne. Le paradis de la bonne chair, où les façades de briques rouges se confondent avec ses milliers de pigeons voyageurs ! Bologne c’est comme un gros sac à surprises. Elle cache dans ses petites rues des décors d’un autre siècle, l’une des plus vieilles universités d’Europe et surtout des restaurants de pâtes toutes aussi bons les uns que les autres.
À peine descendue de l’avion, sans même avoir déposé nos bagages à l’hôtel que je supplie Wesley de m’emmener au resto chez Naldi. « C’est un peu loin du centre, fait-il en plissant les yeux » pas graves ! N’écoutant que mon estomac et les critiques de TripAdvisor (auxquels je suis une grande fidèle), nous voilà déjà GPS à la main à arpenter les petites rues de la ville à la recherche de cette petite mine de bonheur.
Nichée dans un racoin bolognais, entre un bureau de tabac et des dizaines de graffitis, nous apercevons le présentoir du minuscule restaurant. À l’intérieur un parfum de sauce tomate, une table à bistro et une banquette, rien de plus. Quelques habitués attrapent des assiettes à emporter dans de vulgaires contenants de plastique enrobés de papier brun. Il est 14h15 et le restaurant ne tardera pas à fermer. Indécis nous piochons un peu au hasard, ce qui nous tente sur le menu. Et puis, et puis…. C’est l’apothéose sur nos papilles en plus d’une explosion de saveur insoupçonnée quand nous goûtons à la fameuse panna cotta maison. Car oui, si les critiques de TripAdvisor m’avaient dit que les pâtes de Naldi étaient dans les meilleures de la ville, ils s’étaient bien réservé de me parler de ce fameux dessert crémeux à en faire saliver n’importe qui.
Ces pâtes et ce dessert, nous en mangerons tout le long de notre séjour et même si c’est loin aucune excuse, à Bologne ce n’est plus notre cerveau qui dirige, mais nos estomacs !
Si moi j’aime les pâtes, Wesley lui a littéralement fondu sur les chocolats chauds de la chaine Venchi… Je me demande encore ce qu’il peut bien leur trouver… Au début je croyais que c’était la jolie Italienne au comptoir du centre-ville, mais même à l’aéroport il n’a pas pu s’en empêcher d’en prendre un 10 minutes avant de décoller…
Étrange hasard, l’auteur italien Umberto Eco est décédé lors de notre passage. Ayant enseigné longtemps à l’université de Bologne, j’aurais aimé voir quelque chose sur le chemin rendant hommage à ce grand homme… Niente !
N’empêche que de se promener dans les rues autour de l’Université et voir l’agitation qui en découle est très amusant. Nous sommes entrés dans le pavillon de musique. Une visite obligatoire à mes yeux, car la ville de Bologne est nommée ville UNESCO de la musique… Et ça s’entend ! À peine après avoir franchi ses murs, on perçoit une chanteuse d’opéra répéter, dans un autre pavions des trompettistes s’exercent sur des airs de jazz pendant que gambadent joyeusement dans la rue des étudiants, violons et flûtes traversières à la main. "Musica miei amici ! "
Chaque ville a sa grande place qui pique la curiosité des voyageurs et qui rassemble le peuple. À Bologne, c’est la Piazza Maggiore. Disons qu’elle n’est pas la plus belle, surtout avec ses gardes postés autour des points d’intérêts, le fusils de chasse à la main, mais elle a quand même un petit charme. Surtout que le week-end, les rues qui l’entourent sont piétonnes, on peut alors contempler une autre facette de la ville. Beaucoup plus aéré, puisque l’espace pour marcher est habituellement restreint aux passages en forme d'arcades qui cachent le soleil et dirige nos yeux sur les boutiques…
Ce qui domine l’ensemble de la grande place, c’est la basilique San Petronio. Une église qui ne fut jamais terminée. Sa façade en témoigne, avec ses marbrures de couleur stoppées au-dessus des portails...
Les amateurs de guenilles seront charmés. Tous les jours, des centaines de tables sont alignées dans les grandes rues de la ville, impossibles de les louper. Entre vous et moi, ne perdez pas trop de temps avec ces vendeurs de cochonneries... À moins que la contrefaçon et les cosmétiques périmés fassent votre bonheur...
Les mémoriaux ne sont pas nécessairement les endroits que j’aime visiter. Ce sont habituellement des lieux austères, froids et difficiles. Reflet d’un drame encore lourd de sens pour les Bolognais, le mémorial d’Ustica rappelle l’écrasement du vol 870 d’Itavia qui a eu lieu le 27 juin 1980. Quand j’ai demandé à la réceptionniste de notre hôtel si ce dernier était loin à pied, elle m’a demandé si je savais vraiment ce que j’allais voir ! J’ai répondu un peu naïvement : « pas vraiment », puis elle nous a montré quelques photos pour nous faire comprendre que ce n’était pas une visite à Walt Disney qu’on allait faire. Elle avait raison…
En gros, ce mémorial habite les restes de l’avion retrouvé en mer et reconverti dans un hangar au nord de la ville. J’y suis allée un peu à contre sens, me mettant au défi, moi qui a toujours une peur bleue des avions. Sur place, des voix en italien résonnent des haut-parleurs et parlent doucement sous le rythme de l’eau, 81 globes lumineux suspendus rendent hommage aux victimes. Par respect, les pièces de vêtements retrouvés sont cachées dans de gros cubes noirs devant la carcasse. C’est à donner froid dans le dos. Dans une autre pièce, des documentaires en italien expliquent la tragédie. Ne parlant pas la langue, ce n’est qu’à mon retour avec l’aide de mon ami Google que je retrace un peu plus les circonstances du drame.
Un avion de chasse français aurait par erreur (&?%$#!!!) lancé un missile croyant avoir affaire à l’avion de Kadhafi (ce dernier se serait caché subtilement derrière pour éviter les radars)… L’affaire aurait été étouffée. Les pièces à conviction et les résultats de l‘enquête auraient été dissimulés à la population. Le pire c’est qu’une douzaine de personnes travaillant sur le sujet seraient morts eux aussi prématurément de diverses causes (crise cardiaque, accident d’auto…) Ouf, ainsi je vais m’arrêter ici, à force de trop vouloir en apprendre, j’ai moi aussi un peu peur de disparaître…
À travers cette toute petite fenêtre on peu voir le Canal Di Reno, un rappel du temps où Bologne ressemblait plus à Venise...
(La suite avec Milan...)