Paris, le printemps monte lentement dans tes racines, sur les arbres quelques bourgeons cherchent timidement à pointer le bout du nez, ne sachant trop s’il est temps de sortir ou non. Les jonquilles du jardin du Louvre elles, ne se sont pas fait prier. Elles embaument les parterres et colorent le gazon abimé où les amoureux peuvent librement se balader. La rumeur dit que cette année, l’hiver a été chaud… Pas de mal à le croire… C’est la même rumeur qu’on entend sur les quatre coins du globe. Depuis le début du voyage, on nous a fait la même réflexion, autant au Japon, qu’à Hawaii, qu’à Rouen… Tout l’monde à chaud et Paname n’y échappe pas.
SOUS TON CIEL GRIS
Pour l’instant, le ciel est maussade et cendré à en rendre malade n’importe quel dépressif. Quand ce n’est pas la pluie qui nous mitraille, c’est le vent du Nord qui perce nos vestes et nous déchire la peau des joues. Pas de risques de mourir de chaleur. Les mouettes et les pigeons indifférents aux caprices de dame nature, se promènent et se chamaillent comme des guignols sur la balustrade du Trocadéro, offrant gratuitement une joyeuse mise en scène. Un spectacle qui amuse les grandes filles comme moi et qui agace les vendeurs de camelote. Dans cette journée grise, ces marchandeurs à la sauvette sont presque plus nombreux au mètre carré que les touristes. Du made in china en échange de quelques centimes, à peine de quoi se payer un pain au chocolat le soir. Paris en a des histoires…
PARIS BALADE
On dévale tes rues, question de voir quels secrets tu nous caches encore. Les lumières de tes tours percent ton ciel gris, tes boulangeries et tes vendeurs de kebabs sont bien présents, il y a toujours autant de monde dedans. On fait encore la queue à la Durée pour de l’or en forme de macaron. La gare St-Lazard est toujours pleine à craquer de gens toujours aussi pressés. Ça court, ça court dans tous les sens. 15 ans que je viens régulièrement à Paris, 15 ans que je regarde les Parisiens courir après leur train. J’en ai rapidement la nausée, le stresse à la parisienne, ça j’avais oublié !
Marcher dans tes rues
Rien n’a changé, mais si pourtant… Pour moi marcher dans Paris c’est un peu comme marcher sur des coquilles d’œufs. Je me demande souvent si ça va craquer et si les méchants vont débarquer.
Faut-il bannir Paris par prétexte qu’on a peur d’un nouvel attentat ? Non, mais il serait faux de dire que je n’y pense pas. En entrant dans le métro, dans un musée assis au cinéma. Discrètement, je cherche des yeux, les sorties de secours, juste au cas… rien qu’au cas… J’en ai presque honte, mais c’est comme ça !
Puis, en balade on croise la Place de la République, impossible de rester insensible. Au pied de la Marianne de bronze quelques personnes passent dire au revoir aux disparues. Au loin, une femme nettoie avec son balai minutieusement l’endroit. Telle une infirmière qui panse une blessure. Elle replace les fleurs et rallume les bougies. Elle recolle sur la pierre les témoignages posés tout autour de la statue. Comme des milliers d’autres, elle ne veut pas qu’on oublie.
MÊME PAS PEUR !
Sur une bannière, trois mots qui en disent long « Même pas peur ». Paris, si tes touristes te boudent, tes habitants sont forts. Ils continuent à vivre et pour moi, c’est ça ta beauté. C’est bien plus que ta tour Eiffel qui scintille, bien plus que les vitraux de Notre Dame et tes Jardins du Luxembourg. Tu es encore plus belle, car tu continues à respirer et à bourdonner. Tant pis pour les cars de Japonais qui sont moins présents cette année, ça en fera plus pour nous. Ils se reprendront les prochaines années, quand la poussière sera retombée !