Croyez-moi, j’aurais bien voulu ne pas écrire cet article. À cette heure-ci, mon avion pour Québec devrait être sur le point d’atterrir et je pourrais enfin faire un bonjour en personne à ma famille que je n’ai pas vu depuis 6 mois. M’endormir sur le son d’un feu de bois en caressant mon chat en buvant un café du Tim. Mais bon, je devrais me faire au ciel pluvieux et gris de Tokyo pour encore quelques jours, afin de reprendre des forces pour faire mes 19 heures de vol.
Nous devions partir hier soir. Mais en arrivant à Tokyo deux jours plus tôt, les syndromes de mon rhume se sont empirés en toux persistante en plus de s’aggraver en sinusite. Comme j’ai déjà eu un ami Max qui a failli y laisser ses tympans lors d’un vol Paris-Rome, j’ai eu peur d’avoir les mêmes problèmes (je peux vous dire que dans son cas, ça n’avait pas été beau à voir sur un vol de 3 heures, je m’imaginais mal subir le même sort sur une durée de 19 heures). Si lui avait saigné du nez en plus d’avoir eu de terribles douleurs, je voyais déjà la scène : moi en train de crier à la mort, Wesley à mes côtés me suppliant de la fermer, pendant que deux hôtesses de l’air m’attachent sur mon banc avec une camisole de force, l’horreur…
Il faut ajouter que certaines compagnies aériennes peuvent refuser l’accès aux voyageurs qui présentent des symptômes de maladie. Avec ma toux qui n’arrêtait plus. Mes joues rouges et mon masque de chirurgienne (car oui au Japon, quand tu es malade tu portes un masque, c’est la politesse pour ne pas contaminer les autres) c’était définitif qu’il m’aurait posé des questions et m’aurait demandé une autorisation de voler de la part d’un médecin ce qu’on nomme le « Fit to Fly ».
Nous avons ainsi décidé de partir à l’urgence afin d’obtenir le point de vue du médecin. Par chance nous avions Cédric avec nous. Un ami de Wesley qui parle très bien le japonais (merci). Dans ma petite tête de Nord américaine pour moi, le service médical japonais n’avait rien à envier aux services canadiens. Je me voyais déjà dans un hôpital avec la plus grande des technologies. Tous des Docteurs Gray aux yeux bridés. Des salles d’attente super efficaces munies de robots, colorées de rose Hello Kitty… Eh bien non. Je peux vous dire que si l’on attend deux à trois heures dans une salle d’attente au Québec. Au Japon, c’est identique ! Sauf que si au Québec on attend longtemps, au Japon on attend sans trop savoir pourquoi. Comme nous étions en dehors des heures de visites normales, nous étions les seuls à l’urgence. Mais je dis bien les seuls !!! Nous avons attendu 2 heures en plus de payer le double du prix, car nous nous sommes présentés après 20h. Dans des locaux défraîchis, j’ai rencontré un médecin qui n’avait pas trop l’air de savoir quoi faire. Son premier verdict après 20 minutes de consultation avec nous et 30 minutes de discussions avec un confrère a été de me dire de prendre l’avion et me faire soigner au Canada ! Bravo ma grande ! Mais ça ne réglait pas mon problème d’oreille là ! Est-ce que j’allais perdre mes tympans en vol, c’est surtout ça qui m’inquiétait… Réponse : « Je ne peux pas te dire si tu vas avoir mal… » Ensuite, la jeune femme est restée devant nous chambranlante, ne sachant pas trop quoi faire, regardant son ordinateur, faisant des he… he… . J’ai eu droit au test de la grippe (un gros Q tipe dans le nez) qui s’est avéré négatif et ultra déplaisant. Après elle voulait me passer une sorte de scan de la tête… Que j’ai refusé, car je n’en voyais pas l’utilité et surtout, je sentais la facture salée arriver (est-ce que les hôpitaux japonais recommanderaient certains tests coûteux pour se financer ?) Toujours est-il qu’elle m’a finalement prescrit un décongestionnant de la mort pour pouvoir prendre mon vol. Un genre d’Advil rhume et sinus à doubles doses. (Que j’avais déjà dans ma trousse de dépannage, mais qui n’avait pas fonctionné). On est parti de l’hôpital et j’ai pris le médicament. Qu’est-il arrivé par la suite ? Deux heures à peine après avoir pris les comprimés, j’ai été prise de grosses crampes et là je vous épargne les détails. Oui, mon oreille était bien débloquée, ma gorge très engourdie, j’étais gelée comme une balle, mais les crampes étaient insupportables (les effets étaient pires qu’une grosse cuite après un certain party du jour de l’an au Bain Mathieu). On a donc attendu l’aurore et on est reparti aux urgences avec l’autorisation des assurances. Car oui on doit obtenir le consentement de notre compagnie d’assurance avant de se présenter…
Cette fois-ci pas de Cédric pour nous aider. Mais bon comme j’étais déjà dans les dossiers ça n’a pas été si compliqué. Le personnel nous a reconnus et n’avait pas l’air très emballé de nous revoir (en même temps, ce n’est pas non plus un Club Med, je ne devais pas m’attendre à recevoir des ballons et un drink gratuit à mon arrivée), mais un petit sourire de compassion vous savez, ça ne fait pas de mal… Après deux heures d’attente et toujours personnes dans la salle d’attente nous avons vu un nouveau médecin qui a refusé les services de traducteur de nos assurances. Elle comprenait une phrase sur deux à ce que je disais. Je vous assure qu’à deux reprises j’étais sur le point de prendre le téléphone à côté de moi pour téléphoner ma compagnie d’assurance, tellement j’étais fatiguée du manège. Il y a quand même des limites à garder sa fierté. Après de nombreuses traductions sur son téléphone portable du japonais à l’anglais, elle a compris. Cette fois-ci, verdict : allergie au médicament prescrit et une lettre de recommandation pour les assurances à ne pas prendre le vol. Ce qui explique le pourquoi de notre stagnation dans la capitale nipponne le temps pour moi d’aller mieux.
En gros, on a beau chialer sur notre système de santé, je vous assure que nous sommes de loin bien meilleurs. Oui, il faut attendre longtemps au Québec avant de voir un médecin, mais moi un spécialiste qui hésite, qui n’arrive pas à me donner une opinion franche, ça me fait peur… Je n’imagine même pas leurs réactions devant un cas plus grave… Pour ceux qui sont déjà venus au Japon, vous rappelez-vous avoir croisé une ambulance ? Si oui, vous avez bien remarqué qu’elles ne roulent pas vite en état d’urgence, d’ailleurs personne ne se pousse pour la laisser passer (WTF !) . Si vous faites une crise cardiaque ici, vous avez à mon avis peu de chances de survie… Apportez votre défibrillateur et vérifiez les batteries de votre peace-maker avant de partir si vous êtes cardiaque !
Être malade au Japon pour les nuls
1- Être malade au Japon est fortement déconseillé (tout comme partout dans le monde)… Disons que ce n’est pas le but d’un voyage…
2– Préparez-vous une belle trousse antigrippe, rhume et autres bobos, car trouver des médicaments en vente libre au Japon est très difficile. L’emballage est totalement en japonais. Et les pharmaciens, tout comme la majorité des Japonais, ne parlent pas anglais (et ce, même à Tokyo). Oui c’est chiant à traîner des médocs, mais c’est nécessaire.
3- Demandez au docteur ou au pharmacien le nom exact de votre médicament en anglais. Vous pourrez alors communiquer avec votre pharmacien par téléphone si vous avez des doutes sur ce qui vous a été prescrit ou si vous pouvez le combiner avec un autre médicament que vous avez dans votre trousse de dépannage. Ça nous a été utile quand j’ai commencé à avoir des crampes. Je m’apprêtais à prendre une dose de Peptobismol, ce qui n’est pas un bon mixte avec un décongestionnant…
4- Surtout, munissez-vous d’une bonne assurance. Dans notre cas, nous sommes avec Desjardins et nous sommes très satisfaits du service. Toutefois, si vous leur téléphonez la nuit (heure du Québec) ils semblent faire affaire un service de sous-traitance. Du coup, le gars que nous avons rejoint au petit matin n’était pas du tout informé sur ce que nous devions faire et comment procéder en plus d’être bête comme ses pieds… Merci aux deux autres employés que nous avons rejoints par la suite et qui ont été hypergentils et efficaces.
5- Votre compagnie aérienne peut vous exiger un papier signé du docteur « Fit to fly » pour pouvoir vous embarquer. Si vous avez des symptômes de maladies qui peuvent s’intensifier aux vols et affecter la santé de celles des autres passagers.
6– Au Japon on peut vous recommander de faire des tests médicaux, mais on ne vous dit pas les prix… Vérifiez avant, il est possible que votre compagnie d’assurance refuse de payer…
7- Faites comme les Japonais. Si vous avez peur d’attraper la grippe ou le rhume ou si vous en présentez vous même les symptômes, portez un masque. Ils en vendent partout, même dans des machines distributrices du métro…