C’est sous la pluie que nous arrivons à Tokyo, le ciel est gris, Hawaii me manque (mais ça ne sera que de courte durée). Premières images de la métropole : du béton et des grattes-ciel remplis de néons à en rendre jalouse Las Vegas. Où sont mes oiseaux, ma verdure et le bruit des vagues de Hilo, où sommes-nous débarqués ? J’ai mal au dos, mon sac est trop gros, trop lourd, il y a trop de gens ici. Il faut croire que trois mois en pleine nature peuvent rendre facilement une fille asociale. Je pars me cacher dans notre microscopique appartement loué sur Airbnb au nord de la ville. Vivement un lit que je recharge mes batteries.
Ainsi, passe la nuit et Tokyo se réveille, nous aussi avec un violent décalage horaire entre les dents. La pluie a finalement cessé et le soleil nous offre 24 degrés. Un café froid rempli de glaçons pour reprendre vie ? Pourquoi pas. Ici, on a l’impression que la caféine prédomine la feuille verte. On retrouve des machines distributrice à tous les coins de rue (qui sont plus éclairées que la tour Eiffel la nuit, pour qu’on les remarque de loin). Même si ici on consomme beaucoup de café, on n’a pas la manie comme en Amérique de se promener un gobelet à la main (d’ailleurs, même pas une bouteille d’eau). En fait, personne ne mange, ni ne boit dans les rues. Les Japonais obéissent à des règles implicites très strictes. Pas besoin de justifier, de demander, d’écrire ces règles, les Japonais les connaissent par coeur. D’ailleurs, ont a parfois l’impression d’avoir affaire à des robots tellement ils sont biens, trop biens éduqués.
Le plus déconcertant dans Tokyo, c’est l’absence de bruits à des endroits où ça beuglerait dans d’autres grandes villes ! Ici, tout semble être conçu pour être le plus discret possible (mon sèche-cheveux japonais ne fait pas de bruit, le climatiseur, le frigidaire, les voisins ne font pas de bruits !!) D’ailleurs hier au marché de Ueno une petite fille a fait tomber accidentellement une tasse sur le sol. Le bruit de la céramique fracassé fut un choc à nos oreilles. Durant de longues secondes, la terre s’est arrêtée, comme si quelqu’un venait d’être fusillé. Tout le monde était perturbé et moi j’étais perturbée de les voir perturbés…
À Tokyo vous pouvez croiser une foule avec des centaines de personnes silencieuses qui traverse une rue, le nez plongé sur leur cellulaire. Puis à quelques pas, se dessine un autre monde. Vous arrivez au bout d’un carrefour et vous avez cette fille déguisée en chaton qui annonce à plein gosier la promotion d’un service téléphonique. À ses côtés un homme salut ceux qui passent, les invitant à acheter ses poissons frais du jour. Ils crient à travers une cohue qui les ignore, et ce sans arrêt. Ils sont comme des machines, aucune expression ne peut se lire sur leur visage. Pas même un signe de découragement devant ce public qui s’en balance ! Sur un autre coin de rue, vous avez ces immenses salles d’arcades et de jeux où ça pue la cigarette et dont le bruit est infernal (au niveau décibels, c’est pire qu’un spectacle aux Foufounes Électriques à Montréal un samedi soir).
Tokyo on dirait deux mondes. Celui des temples de l’ordre et de la sagesse qui doit vivre parallèlement avec la modernité, la désinvolture de sa jeunesse… Qui fume, boit et joue…le tout dans une atmosphère rose bonbon, de mangas et de jeux vidéo. D’ailleurs, ce qui m’amuse en ce moment c’est l’imagination débordante de ces petites machines distributrices de jouets (les Gachapon machine). Je cherche encore dans laquelle je vais dépenser 200 yens (2$). Certaines sont assez… provocatrices. Disons qu’une machine comme celle avec des filles nues dans des hamburgers ne resterait pas plus de 24 heures dans une rue de Montréal… Protestations féministes assurées !
Peu souriants, ultra polis, propres et respectueux, je me demande depuis mon arrivée comment est la vie pour eux… Un long fleuve tranquille où l’eau semble couler toujours dans la même direction sans faire de vagues… C’est ennuyant non ? Probablement l'une des raisons de ces salles d’arcades gigantesques, cette obsession du manga et du magasinage à outrance…
Les transports en commun à Tokyo sont extraordinairement efficaces. En fait, on peut réellement dire ça quand on arrive enfin à en déchiffrer le fonctionnement. Car le prix d’un ticket se calcule en fonction du nombre de stations parcourues, de la compagnie de transport utilisé et de la distance. Car oui, il y a plus de quatre compagnies différentes qui occupent le territoire et qui partagent plus d’une centaine stations. Donc vous devez passer souvent des bornes de paiements et devez changer souvent de lignes. Le réseau du métro a tissé son réseau comme une immense toile d'araignée prête à desservir tous les points de la ville. C’est à ce moment qu’on réalise que Tokyo c’est grand ! 2188 km2 pour plus de 13 millions d’habitants. Conseils : Achetez vite un pass Pasmo et utilisez le site Internet Hyperdia.com, ça vous simplifiera la vie. Ce site internet vous donne en quelques cliques les différentes options de votre voyage en fonction du coût et du temps. Internet est gratuit dans toute les stations de métro.
Le premier jour, je m’attendais à voir des pousseurs et me faire écraser comme une canette dans un centre de recyclage. Et non, à certains moments, nous avons même eu un wagon pour nous tout seuls ! Je crois que le matin très tôt l’ambiance doit être assez différente… Claustrophobes, évitez aussi de le prendre entre 19h30 et 21h, à la sortie des travailleurs… Car oui, ici au Japon ça bosse dure, car la perfection prend du temps à atteindre son apogée (si elle finit par l’atteindre).
Ils sont tellement gentils ces Japonais que pour éviter les attouchements dans les wagons trop bondés, un wagon est réservé aux femmes sur les heures de pointe…
"Ce que nous appelons commencement est souvent la fin. La fin, c’est l’endroit d’où nous partons". T.S Éliot
Depuis quelques jours il m’est difficile de fermer l’œil. Est-ce ces étranges bruits à travers les murs où nous dormons ou est-ce l'approche du moment de notre départ qui produit les causes de cette curieuse insomnie?
Notre périple de deux mois et demi à Hawaii va se terminer mercredi. C’est étrange comme ces derniers instants passent affreusement vite. Il y a un mois, nous prenions la vie calmement en nous disant que nous avions encore beaucoup de temps pour profiter de cette grande Île. Erreur, maintenant qu’il nous reste moins de deux jours, j’ai l’impression d’en avoir fait que la moitié… Ça doit faire partie des effets secondaires d’un tour du monde…
Au revoir la verdure débordante, au revoir ce sol humide, ces sourires contagieux et ces chemises colorées. Au revoir, Hilo, "Malaho" pour ton hospitalité et ton authenticité. On reviendra probablement… (qui sait vraiment si l’on tiendra parole)...
Si le Québec à ses 4 saisons, Hawaii à ses 4 types de plages : sable blanc, sable noir, plage de roches volcaniques et sable vert. Notre préféré sera de loin la plage 69. Peu fréquentée en soirée, elle offre des couchers de soleil à tomber à la renverse. Quand je penserais à nouveau à toi Big Island, j’aurais certainement ces images en tête.
Le meilleur endroit pour en acheter est certainement le marché de Hilo (les mercredi et samedi). Ah que de bons moments à discuter avec la fabricante de confiture et photographier tous ces fruits et légumes !
Les visites de fermes de café. Je suis accro au café comme Wesley est accro au chocolat. Du coup, plusieurs fermes dans le coin de Capitain Cook offrent des visites gratuites de leur propriété. On a déjà fait jusqu’à 3 fermes dans la même journée. Buzz de caféine assuré ! Mon coup de cœur va certainement à Mountain Thunder Coffee et ses joyeux petits chats en liberté.
Le café de Kona est cultivé dans le nord et le sud de la région. Il est l'un des cafés les plus chers au monde. Le sol volcanique riche en minéraux où il pousse, lui crée des conditions de croissance favorables et un goût très prononcé. 100% approuvé par nous !
Je ne suis pas encore l'experte de la Gopro, mais voici une vidéo des petits poissons de notre dernière visite au Tide Pool
Il y a un endroit à Hawaii qui reste un peu en retrait des autres. Sans doute par son emplacement un peu excentré, possiblement par son style plus discret en comparaison de ses consoeurs Kona et Hilo. Toutefois, vous auriez tort de ne pas vous arrêter à Pahoa, ou si vous préférez, le paradis des hippies...
C'est ici que viennent se ressourcer de nombreux visiteurs en quête de spiritualité. Les cours de yoga et de méditation y sont très reconnus, d’ailleurs il doit se vendre ici plus de kombucha au mètre carré que dans le reste des États-Unis. C’est aussi ici qu’on s’amuse à dire que les témoins protégés par la justice américaine sont envoyés, car peu de personnes aurait l'audace de venir les chercher dans ce village de moins de 1000 habitants, rempli de hippies ! Effectivement, dès qu’on met les pieds à Pahoa on a l’impression de revenir aux années 70. À tout instant, on pourrait voir débarquer Cat Stevens ou Paul Simon, un joint au bec, leur guitare à la main et personne ne s'inquièterait, tellement ils s’agenceraient à ce décor bohème.
L’une des choses impressionnantes à Pahoa (mis à part le nombre hallucinant de hippies), c’est la fameuse Red Road. Cette route mystique de la grande île qui contourne la plage. Un endroit magique où les branches d’arbres s’entrecroisent en formant un long tunnel de quelques mètres. Les miles 75 à 77 sont particulièrement jolis. Plusieurs plages sont cachées à travers ces immenses arbres. Chaque habitant ici à son petit coin de paradis. Pour en dénichez-un, regardez les voitures garées sur le bord de la route et suivez les sentiers improvisés en direction de la mer. Par contre, on vous aura prévenue, si Pahoa est un paradis pour les surfeurs et le snorkeling, ce n’est pas le bon endroit pour les bronzeurs du dimanche. Ici les vagues sont fortes et il n’y a pas de sable doux pour y poser vos fesses. Néanmoins, vous aurez probablement plus de chance qu’ailleurs d’y voir des tortues et une grande variété de coraux. Vous, vous souvenez des fameux Tide Pool ? Et bien, c’est dans ce coin-là….
Pahoa c'est aussi un village qui a été touché dernièrement par une éruption volcanique importante et qui regorge de paysages d’une nature majestueuse. Car à Pahoa, s'il y pleut beaucoup, il fait aussi TRÈS chaud. Si vous cherchez à faire du Woofing à Big Island, il y a de fortes chances de vous voir aboutir ici dans des fermes de papayes et d’avocats. D’ailleurs vous allez rencontrer plusieurs jeunes sur cette route, au bronzage parfait qui font de l’auto-stop planche de surf à la main.
Les guides touristiques ne vous le diront pas, mais l’un des meilleurs endroits pour voir les vestiges de la dernière éruption volcanique est le Tranfert Station de Pahoa. Qu’est-ce que ce truc ? Rapidement un Transfert Station, c’est l’endroit où les Hawaiiens vont porter leurs rebuts. Sur Big Island il n'y a pas de camion qui passe de porte-à-porte, vous devez vous même vous occuper de vos ordures et trier votre recyclage (ce qui n’est pas toujours cool, j’en conviens). Toutefois, ces centres sont hyper bien organisés. Ici vous pouvez faire des dons d’objets, de vêtements, vous faire rembourser les consignes et même obtenir du composte à partir des matières végétales de jardinage qu’ils broient sur place en petits copeaux. Donc, si vous n’avez pas de poules comme nous pour manger vos restes, vous avez le transfert station pour aller vous en débarrasser…Pourquoi je vous parle du Tranfert Station ? C'est que durant l'éruption de 2014, les importantes coulées de laves ce sont arrêtées juste devant les grilles et l'endroit a été épargné. Il est depuis peu rouvert au public (car oui, les coulées de lave reste longtemps actives et peuvent pendant des mois continuer à s'étendre).
À cet endroit, vous pouvez marcher sur les coulées qui se sont miraculeusement arrêtées devant les grilles ! On peut se promener à travers ce décor apocalyptique (et pas besoin d'y apporter vos vidanges, les gardiens vous laisseront passer) .
Pahoa c’est aussi deux endroits où vous devez absolument aller manger. Le Tin shack et Oncle Robert. Le Tin shack est une boulangerie-restaurant très fréquenté par les locaux (en fait, on était probablement les seuls touristes cette journée-là). C’est un excellent endroit pour croiser du monde et pour y manger de bons petits déjeuner. L'ambiance est assez agréable dans ce vieux hangar retapé au mobilier dépareillé.
Oncle Robert est ZE endroit où vous voulez aller si vous cherchez à être dépaysé. Au départ on était un peu sceptique Wesley et moi. Imaginez, une grande cabane en bois rond avec de longues tables comme à la cabane à sucre. Le tout perdu au fond d'une route dans un champ de lave, avec des dizaines de kiosques de marchants. Suivi d'une foule d'Hawaïen en délire qui en redemande à une dizaine de mecs qui font un show sur un stage. Sur ce dernier, une asiatique à talons hauts qui joue du lasso et une grand-mère qui brandit une grosse cane en bois sur le plancher en suivant la musique (vous voyez un peu l'image). Préjugés passés, on en redemande ! Les voisins de table sont sympathiques, tous le monde se parle et une partie du fameux Aloha spirit s'y retrouve.. Bienvenue au Kingdom, on oubliera certainement pas nos soirées chez l'oncle Robert !
Pour ne rien manquer des prochaines aventures :
Voyager sur la grande île d’Hawaii n’est pas quelque chose de tout repos. Certains endroits comme la pointe, sont excessivement loiiiinnnnn… Parlez-en à mon pilote (le pauvre, les 4 heures non-stop de voiture dans les montagnes, l’on fait un peu souffrir).
Ainsi quand tu habites à Hilo (la partie est de l’île où vivent les hippies et deux Franco-québécois perdus) et que tu veux aller voir le Nord, tu dois bien t’organiser. Conseils : apportez des réserves d’eau, de bonnes chaussures, rechargez le cellulaire et faites le plein d’essence. Car vous allez voir, la route est drôlement longue !
La route 270, c’est comme un méli-mélo de délicieuses montagnes russes transpercées par un décor d’Alpes françaises, mais avec des ranchs américains à gauche et à droite (on est aux É.-U. !) . Ici, ça monte et ça descend sans arrêt, donc apportez aussi des Gravols. Choisissez bien votre journée et évitez par pitié les week-ends et les journées d’ouragan…d’ailleurs la météo à Hawaii est un sujet très à la mode en ce moment, nous venons de vivre notre quatrième alerte d’ouragan en moins de deux mois.
Dans le nord, pas de mec en caravane qui te vend des frittes (pour faire référence à mes amis ch’tis du nord de la France), mais vous l’aurez compris, un sublime spectacle de montagnes… Les amoureux des selfies votre compte Facebook sera servi !
Il y a deux grandes vallées sur Big island, Waipio Valley et Pololù Valley. Nous avons opté pour Pololù, idée d’aller le plus haut possible et d’en avoir pour notre argent…On a été gâté, regardez cet homme émut sur le bord de la plage...
Avant d'arriver au top, vous allez croiser l’office de tourisme de la ville de Kohala. Faites-y un arrêt. Pas seulement pour les toilettes et les cartes gratuites, mais aussi pour son personnel et son mini musée. Tous les deux sont forts intéressants.
Vous allez peut-être aussi passer par Honoka’a pour vous rendre à Polulù Valley. Faites-y un arrêt. Spécialement au People’s Theater, pas nécessairement pour voir un film, mais pour y siroter un café. Ce vieux cinéma de 1930 a gardé son cachet. À l’intérieur vous y trouverez de vieilles affiches et en guise de décoration les vieux équipements de l’époque (je n’ai pas de photo du salon malheureusement, car à notre passage deux hippies se livraient à une discussion sérieuse et la gentille touriste en moi m’a interdit de gâcher leur moment, n’empêche que j’ai une photo des toilettes ….
Je vous mets à jour sur nos poules (je n’ai plus de chat à m’occuper, alors je m’entretiens avec les poules des proprios…disons qu’elles sont moins affectueuses). Nous n'avons pas encore trouvé notre voleur d’œufs. Sur cette photo à droite du poulailler on peut voir deux étranges spots de couleurs verte et bleue… Est-ce les extra terrestres… ? Plusieurs personnes à Hawaii croient fermement que les extraterrestres visitent l’île régulièrement, c’est un sujet sérieux ici (je ne blague pas, ils en font des émissions de radio). Plusieurs iraient même à penser que la marijuana aurait été introduite sur l’ile par ces derniers…
En parlant de petits hommes verts, nous avons visité les Petroglyphs. Ce sont des centaines de dessins gravés sur la pierre. Les pétroglyphes y sont depuis plusieurs années (depuis au moins le 16ème siècle). Personne ne sait vraiment pour quelle raison ils ont été faits. La plupart représentent des humains ou des animaux en version bonhomme allumette. Pour les voir vous devez vous rendre au Mauna Lani resort. À première vu, ça ressemble à un gros complexe hôtelier, du genre tout inclus qu'on peut retrouver à Cancún avec boutiques, spectacles, etc. Toutefois au bout, vous allez découvrir une sympathique plage (Holoholokai beach) avec l'entrée du sentier des pétroglyphes sur votre droite. Si vous êtes chanceux, vous allez peut-être croiser un extra terrestre.
Mauna Lani resort
Pour conclure, photos de notre jardin à Hilo …. Car ici ça pousse, ça pousse...
J'ai planté une patate douce il y a 3 semaines, j'ai maintenant UN ARBRE !!! Nul besoin d'avoir le pouce vert, ici tout pousse...